Le Bureau de Prospective Economique (BPE) effectue un suivi régulier et rigoureux de la marche du Sénégal vers l’objectif d’émergence fixé pour 2035. A cet effet, il s’appuie sur l’approche méthodologique développée par Moubarack LO et qui s’articule autour de deux indices-clé :
(i) un Indice Synthétique d’Emergence Economique (ISEME) qui mesure les résultats du pays en termes de richesse inclusive, de croissance économique durable et saine, de transformation structurelle et d’insertion dans l’économie mondiale ;
(ii) un indice composite des leviers de l’émergence (ICLE) qui est une agrégation de 13 dimensions qui représentent les éléments généralement cités comme contribuant à renforcer la compétitivité internationale d’un pays : les thèmes du « Consensus de Washington » que l’on retrouve comme composante de l’Indice de Compétitivité Globale du World EconomicForum et de l’indice Doing Business de la Banque Mondiale, le Capital humain, la technologie et l’innovation, la promotion et la protection de l’environnement, les infrastructures, l’environnement social, la qualité du secteur public. Les 13 dimensions sont décomposées en 33 sous-dimensions. Par la suite les sous-dimensions ont été subdivisées en 68 composantes qui regroupent 194 indicateurs.
D’après les calculs du BPE, le Sénégal se classe en 2017 dans le rang des pays potentiellement émergents, avec un indice ISEME de 0,337 sur 1. Pour devenir émergeant il lui faut réaliser un score ISEME de 0,5 ; ce qui est réalisable dès 2028 (échéance du prochain Plan d’Actions Prioritaires (PAP) du Plan Sénégal Emergent (PSE)), en accélérant notamment le rythme de croissance économique, en veillant à développer, concomitamment, la diversification et la sophistication de la base productive. L’expérience de plusieurs pays devenus émergeants prouve qu’il est possible de faire une progression de 0,163 points dans l’indice en 11 ans, soit un effort de 0,0148points environ par an.
En d’autres termes, le PAP 2018-2023 du PSEl est pour le Sénégal celui de la mise à niveau des leviers de l’émergence. Le PAP 2024-2028 permettra ensuite au pays de rejoindre le rang des pays émergeants dès 2028 et de viser à devenir émergé (avec un ISEME de 0,75) entre 2035 et 2040.
Pour atteindre ces performances, le Sénégal doit mobiliser les instruments que constituent les leviers de l’émergence agrégés dans l’indice ICLE.
En 2017, le Sénégal affiche un score global ICLE de 0.47, niveau légèrement inférieur à celui de la moyenne (0,51) des pays émergeants, selon la catégorisation de l’ISEME.Selon l’hypothèse dite de « convergence conditionnelle », pour converger en 2030 avec les émergeants, le Sénégal doit mettre à niveau, à l’horizon 2025, ses leviers de l’émergence et les hisser à la hauteur de ceux des pays émergeants. Ses forces et faiblesses sont analysées dans les lignes qui suivent.
Les forces du Sénégal
Relativement aux pays émergeants, le Sénégal affiche ses meilleures performances dans les sous dimensions :
Les faiblesses du Sénégal
Au niveau des sous-dimensions de l’ICLE, le Sénégal enregistre les écarts de scores les plus défavorables vis à vis des pays émergeants (différence > 0,1) dans les domaines ci-après:
Le tableau ci-après donne les chiffres précis des écarts à combler par Sénégal à l’horizon 2023.
Tableau 1 : écart à combler au niveau des sous-dimensions de l’ICLE
Sous dimensions |
ICLE Moyen des Emergents |
ICLE Sénégal 2017 |
Progression ICLE à l’horizon 2023 |
ICT infrastructure |
0,53 |
0,3 |
0,23 |
Energy |
0,48 |
0,26 |
0,22 |
Education |
0,59 |
0,38 |
0,21 |
Spécialisation |
0,55 |
0,36 |
0,19 |
Finance indirecte |
0,34 |
0,18 |
0,16 |
EAU et Assainissement |
0,55 |
0,4 |
0,15 |
Monitoring et coordination |
0,59 |
0,46 |
0,13 |
Finance directe, assurance |
0,14 |
0,01 |
0,13 |
entrée et sortie du marché, structure de concurrence |
0,46 |
0,34 |
0,12 |
Infrastructures régionales |
0,35 |
0,23 |
0,11 |
Transport |
0,25 |
0,14 |
0,11 |
National Planning |
0,65 |
0,55 |
0,1 |
Ouverture |
0,32 |
0,24 |
0,08 |
lourdeur de l’environnement des opérations courantes |
0,56 |
0,47 |
0,08 |
Climat social |
0,52 |
0,46 |
0,06 |
administration moderne et proche du citoyen |
0,67 |
0,61 |
0,06 |
Régulation des facteurs de production (travail, terre) |
0,47 |
0,42 |
0,06 |
Sante |
0,3 |
0,25 |
0,05 |
Promotion environnement |
0,17 |
0,14 |
0,03 |
Capital et intensité Technologique |
0,34 |
0,31 |
0,03 |
Population |
0,53 |
0,49 |
0,03 |
Intégration des capacités de production |
0,28 |
0,26 |
0,02 |
qualité et respect des normes et procédures |
0,56 |
0,54 |
0,01 |
Climat politique et sécuritaire |
0,33 |
0,37 |
0 |
Exploitation durable des ressources naturelles |
0,25 |
0,3 |
0 |
Finances publiques |
0,65 |
0,78 |
0 |
droits de propriété |
0,86 |
1 |
0 |
Protection environnement |
0,44 |
0,49 |
0 |
Administration efficace et orientée résultats |
0,07 |
0,13 |
0 |
genre |
0,58 |
0,63 |
0 |
Par Moubarack LO et Amaye SY
Bureau de Prospective Economique (BPE) du Sénégal