Les travaux de construction de la troisième usine de traitement d’eau potable de Keur Momar Sarr (KMS3), qui sera inaugurée samedi par le chef de l’Etat, Macky Sall, sont achevés à 99,99%, a appris l’APS. Ces travaux avaient été lancés en avril 2018 à Fandène (Thiès), par le président Sall. La nouvelle usine est considérée comme le plus grand ouvrage hydraulique de l’histoire du Sénégal. L’infrastructure, réalisée par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement à travers la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES), s’inscrit dans le cadre des actions prioritaires du Plan Sénégal émergent (PSE), la stratégie nationale de développement du Sénégal. KMS3, dotée d’une conduite d’eau de 216 km, est implantée dans une localité située au bord du lac de Guiers dans la région de Louga, d’où est prélevé l’essentiel de l’eau courante de Dakar et de certaines zones urbaines. La nouvelle usine qui a nécessité un financement de 274 milliards de francs CFA, fait partie « des réponses à une demande qui monte en flèche sous l’effet de la croissance démographique et l’érection de nouveaux pôles urbains (…)’’. Elle ‘’permettra d’augmenter de 50% la production en eau de la région de Dakar ». Une fois mise en service, elle va produire 100.000 m3 d’eau/jour, c’est-à-dire 100 millions de litres d’eau par jour durant sa première phase, puis 200.000 m3 d’eau/ jour dans la deuxième phase, afin d’améliorer la qualité de l’eau pour un million de personnes et sa disponibilité 24h sur 24 dans les ménages. Son objectif est de sécuriser l’alimentation en eau potable de l’agglomération de Dakar ainsi que des nouveaux pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose, et la zone aéroportuaire de Diass.Le projet cible aussi Thiès, la Petite-Côte et les localités traversées par la conduite et situées dans les zones de Louga, Kébémer, Ndande, Pire, Mékhé, Tivaouane, Thiès et Rufisque. Les travaux retardés par l’arrivée du Covid-19 Les travaux étaient prévus pour durer 24 mois, tandis que la mise en service de l’usine était attendue au premier trimestre 2020. Ils se déroulaient normalement jusqu’à l’apparition de la pandémie de Covid-19 qui a entraîné un retard dans leur exécution. « C’est une prouesse que nous avons réalisée. N’oublions pas qu’il y a eu le Covid-19. Nous avons eu beaucoup de retard dans la livraison des équipements qui devaient venir de l’étranger et cela a beaucoup perturbé le chantier où s’activaient 500 hommes », a rappelé le chargé de projet à l’unité de gestion de l’usine, Babou Ngom. « A un moment donné, nous avions hésité à arrêter le chantier au plus fort de la pandémie, mais nous ne l’avons jamais fait. Nous avons essayé de respecter les mesures barrières. Même si l’instauration du couvre-feu nous avait beaucoup perturbés, nous avions maintenu les équipes », s’est-il réjoui. Près de 8 milliards pour les impactés Le projet de construction de KMS3 a impacté près de 2000 personnes dans les régions de Dakar, Thiès et Louga (897 personnes) ainsi que dans les localités situées sur le tracé de la conduite. Il a été procédé à un recensement de l’ensemble des personnes physiques et morales qui vivaient sur le tracé du projet. En septembre 2020, le Directeur général de la SONES, Charles Fall avait annoncé l’indemnisation pour près de 8 milliards de F CFA, par l’Etat du Sénégal, de toutes les personnes impactées par le projet de construction de l’usine. Une ligne haute tension pour KMS3 à Sakal En novembre 2020, la SONES a procédé au raccordement à la centrale électrique de Sakal d’une ligne haute tension destinée à améliorer l’alimentation en électricité des usines de traitement d’eau potable de Keur Momar Sarr. Ce raccordement a permis de connecter cette ligne de 90 KW au réseau de Manantali, de la mettre sous tension et d’alimenter en électricité l’usine de KMS. La ligne connectant Keur Momar Sarr à Sakal, longue de 30 km, a trois avantages : affranchir les chutes de tension et la fréquence des coupures, stabiliser et sécuriser l’alimentation électrique de KMS3, et réduire la facture énergétique de l’usine. Sa mise en service a fortement amélioré l’alimentation en eau potable puisque les usines de Keur Momar Sarr représentent 30% de la capacité de production qui arrive à Dakar. « Elle nous a permis de stabiliser l’alimentation électrique dans les trois usines. Les coupures de courant nous faisaient perdre 5000 m3 d’eau par jour’’, s’est félicité M. Babou Ngom. Il a rappelé qu’en plus de la ligne HT, il y a l’installation d’un groupe électrique capable de sécuriser la production de 100 000m3 d’eau en cas de coupure d’électricité. De même, il est prévu la construction prochaine d’une centrale solaire. « Nous devons être autonome vis-à-vis de la SENELEC », a-t-il ajouté. Les premiers mètres cubes dans le réseau En décembre 2020, le ministre de l’Eau, Serigne Mbaye Thiam, a annoncé le démarrage des essais techniques de KMS3 au cours du même mois et de la production d’eau, au plus tard le 31 mars 2021. Cette étape devait être suivie de la phase de lavage, de rinçage et de désinfection de l’ensemble des canalisations qui ont été posées. Le 28 avril dernier, l’usine a commencé à injecter les premiers 100 000 m3 sur le réseau, ce qui a nettement amélioré la distribution de l’eau à Dakar et dans sa banlieue. « Les premiers 100 000 m3 sont dans le réseau et livrés aux consommateurs qui, depuis le 2 mai, ressentent une nette amélioration de la disponibilité de l’eau », s’est réjoui récemment le Chef de l’Etat Macky Sall sur sa page Facebook, avant d’annoncer l’inauguration de l’usine ce samedi. Le président Sall assure que « le gouvernement s’est résolument engagé à terminer les travaux permettant d’injecter les deuxièmes 100 000 m3 de KMS3 et la construction de l’usine de dessalement qui apportera 50 000 m3 dans sa première phase ». « C’est un travail de longue haleine. Globalement, la situation s’est bien améliorée. Nous avons quelques points durs au niveau des Mamelles et des fuites sur le réseau. Mais, il y aura des solutions idoines. La Sen’eau est en train de faire des réglages », a expliqué Babou Ngom. Selon lui, l’usine injecte actuellement un volume d’eau supérieur aux besoins des populations. « Nous sommes obligés d’arrêter certaines productions comme les forages. Pour que les 200 000 m3 d’eau puissent arriver à Dakar, il faut un autre ouvrage, un suppresseur (qui sera construit en 2022) au niveau de Mékhé (Thiès) pour évacuer toute cette production à Dakar », a-t-il dit. A la veille de la célébration du 61e anniversaire de l’indépendance du Sénégal, le chef de l’Etat avait annoncé que l’usine de KMS3 allait être mise en service au mois de mai dernier. Ce samedi, le chef de l’Etat va procéder à l’inauguration de cet ouvrage hydraulique qui a nécessité la mobilisation de 284 milliards de FCFA, trois années de travaux et de plus de 500 personnes. KMS3 est considérée comme le plus grand ouvrage hydraulique de l’histoire du Sénégal.