Dans la répartition des revenus issus du gaz et du pétrole, l’agriculture mérite de faire l’objet d’une discrimination positive. L’agriculture doit être le premier secteur à bénéficier des revenus de l’exploitation des ressources hydrocarbures découvertes au Sénégal. Cette discrimination positive se justifie par la forte recommandation du Président Macky Sall de favoriser l’exploitation optimale de nos ressources pétrolières et gazières, au bénéfice des populations comme nous y invitent les nouvelles dispositions constitutionnelles adoptées par référendum. Déjà en 2016, le Chef de l’État avait décliné sa vision lors de la cérémonie d’installation de la Comité d’orientation stratégique du pétrole du gaz (Cos-Petrogaz).
Au cours de cette rencontre, le président Sall avait prononcé un discours fondateur dans lequel il était revenu sur l’importance qu’il accorde à une gouvernance apte à garantir une prospérité durable avec les nouvelles ressources pétrolières et gazières. Le Président Sall avait averti, en disant qu’une nouvelle source de revenus ne veut pas dire qu’on doit délaisser les autres activités économiques comme le commerce, l’agriculture, etc. Car une économie ne peut pas se fonder sur une seule rente. Le Chef de l’État avait ainsi invité à conserver la diversification de notre économie afin qu’elle reste résiliente et robuste. C’est ainsi qu’il avait instruit le Cos-Petrogaz, nouvellement installé, entre autres, de lui soumettre un projet de loi sur une clé de répartition de ces ressources pour assurer une bonne utilisation.
Dans la clé de réparation définie par le Président de la République consignée dans la loi, il est prévu d’appliquer la règle des trois tiers. Ainsi, il est retenu qu’un tiers des revenus sera destiné à la contribution à la formation du budget national, un autre pour les investissements et le dernier tiers est réservé aux générations futures dans un fonds souverain. Si l’on se réfère aux estimations de revenus attendus annoncées lors de la première journée nationale de concertation sur le pétrole et le gaz, notre pays aura en moyenne 1000 milliards par an. Dans cette optique, un fort plaidoyer devra être en faveur du monde rural en général et de l’agriculture en particulier pour permettre de tirer le maximum de profit de cette rente.
L’option à travers ce plaidoyer est de procéder à une anticipation sur les revenus destinés in fin au secteur agricole pour lui permettre, dès les deux premières années de production, de recevoir au moins 500 milliards de FCfa. Cette manne devra servir à financer tous les besoins du nouveau système agricole irrigué. Ces besoins ont pour les noms: matériel d’irrigation (pompage, drainage, stockage, etc.), intrants.
Mais les ressources financières ne sont pas les seuls avantages que le secteur agricole doit tirer de l’exploitation des hydrocarbures. En effet les importantes quantités de gaz attendues fourniront, dans le cadre du gigantesque projet Gaz-to-power (gaz pour l’énergie), au secteur agricole une énergie bon marché. Il est même envisageable d’avoir un réseau électrique ou des installations de fourniture d’énergie destinées exclusivement à l’agriculture.
La pétrochimie ne sera pas en reste pour l’agriculture qui sera aussi dotée en quantité et en qualité d’engrais (urée) bon marché. En somme un ensemble d’ingrédients favorables au développement de notre agriculture à travers la maitrise de l’eau, des financements pour le matériel, les aménagements et l’engrais, etc. Cela contribuerait à rendre notre production agricole d’exportation très compétitive. L’objectif ne sera plus l’autosuffisance car elle sera dépassée, mais la conquête du marché régional et mondial.
Le moment est venu de mettre à contribution toutes les compétences nationales pour se préparer à ce futur proche où notre pays est ouvert.
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