Le prix du pain au Sénégal qui est de 175 FCFA, la baguette, risque une augmentation si le cours du blé ne baisse pas dans les semaines à venir avec cette crise installée par la Guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine. En Europe, le cours du blé flambe depuis le début du conflit pour atteindre ce lundi un prix inédit, à 450 euros la tonne, soit 294 825 FCF. En quelques jours, les prix du blé et des céréales s’affolent. Le jour du déclenchement de l’invasion le 24 février, le cours du blé bat son record historique sur le marché européen, à 316,50 euros la tonne soit 2O7 215 FCFA. Le 1er mars, le prix du blé clôture à 351,25 euros soit 230 171 FCFA. Vendredi, à mi-séance, le blé Euronext grimpait à 394 euros la tonne, soit 256 401 FCFA. A Chicago, les cours atteignent également des sommets. Et aucune baisse ne semble s’amorcer. Ce 7 mars 2022, le cout du blé explose. Le blé franchit les 400 euro la tonne , soit 262 440 FCFA.
Cette hausse s’explique notamment par la mise à l’arrêt des ports ukrainiens, par lesquels transitent les précieuses céréales. « Il faut rappeler qu’on était sur une trajectoire ascendante depuis le deuxième semestre 2020 en raison de la reprise économique mondiale », contextualise Thierry Pouch, économiste, responsable du service études-références-prospective à la chambre d’agriculture France et chercheur associé à l’université de Reims. Quelle sera la position du Sénégal face à cette inflation des prix du blé ? c’est la question que se pose la plupart des sénégalais qui s’intéressent de près à cette actualité. Il faut signaler que le Sénégal n’est pas producteur de blé mais sa consommation a gagné beaucoup de terrain. Les importations se sont accrues de 23,6% en 2019. Les importations en la matière se chiffre à plus de 107, Milliards de FCFA. En volume, elles atteignent 702,8 milliers de tonnes en 2O19, selon le rapport de l’ANSD. Les principaux fournisseurs sont la Russie (51,4%), la France (32,2%), l’Ukraine (6%)… Selon Amadou Gaye, interrogé par nos confrère de PressAfrik , « au mois de novembre, décembre vous savez que le Sénégal était en crise du pain avec la grève des boulangers et que l’Etat du Sénégal avait puisé toutes ses ressources fiscales pour que le prix de la farine ne pousse pas à une hauteur très élevée », a souligné le président de la Fédération des boulangers du Sénégal. « Je me demande aujourd’hui, avec cette crise ce que peut faire l’Etat du Sénégal. Donc, c’est de laisser que le prix de la farine hausse, mais impérativement le prix du pain va immédiatement hausser », a-t-il ajouté.En Russie, on craint que l’exclusion de certaines banques du système Swift porte un coup d’arrêt aux exportations internationales, y compris de céréales. Le pays devrait également réorienter ses exportations vers la Chine, qui a créé un système alternatif à Swift. Pékin « a besoin de ces céréales et la transaction peut se dérouler en yuan », indique dans les colonnes de Alternatives Economiques, Thierry Pouch.
Selon ses dires, « les boulangers sont des industriels et ne voudront pas vendre à perte. Moi, ce que je dis, si le prix de la farine va forcément augmenter à moins que le gouvernement du Sénégal nous sort encore d’autres leviers qu’ils comprennent pour qu’on puisse arriver à une stabilisation du prix de la farine », a-t-il fait savoir. Il va plus loin en annonçant une hausse vertigineuse du prix de la miche de pain. « Avec cette guerre-là, j’ai même dit que le prix du pain pourrait atteindre avant la fin de l’année à 500 FCFA la baguette si cette situation continue », a indiqué le président de la Fédération des boulangers du Sénégal dans les colonnes de PressAfrik.
L’approvisionnement en céréales des pays comme l’Égypte, l’Algérie ou d’Afrique sub-saharienne, dont on peut citer le Sénégal, de plus en plus dépendants des blés russes et ukrainiens, « risque de poser problème si les bateaux transportant les blés originaires de la mer Noire sont arrêtés » avertit dans les colonnes, Alternative Economique Philippe Chotteau, chef économiste de l’Institut de l’Élevage à Paris. « Le Liban dépend à 50 % pour son alimentation du blé russe et ukrainien. C’est dire si pour certains pays, cela va être plus dramatique que pour nous, les hausses de prix. Là-bas, ce seront des pénuries », craint aussi Christiane Lambert, présidente de la première organisation représentant les agriculteurs en Europe, la Copa-Cogeca.
En Russie, on craint que l’exclusion de certaines banques du système Swift porte un coup d’arrêt aux exportations internationales, y compris de céréales. Le pays devrait également réorienter ses exportations vers la Chine, qui a créé un système alternatif à Swift. Pékin « a besoin de ces céréales et la transaction peut se dérouler en yuan », indique dans les colonnes de Alternatives Economique, Thierry Pouch.
. Fortes inquiétudes en Afrique et au Moyen-Orient
La hausse des prix couplée aux perturbations d’exportations menace les pays fortement dépendants du blé russe ou ukrainien. C’est notamment le cas de l’Egypte, premier importateur mondial de blé. 50 % de sa demande est achetée à l’étranger, dont 70 % en Ukraine et en Russie.
Alors, le pays fait le bilan de ses stocks. Selon Orient XXI, grâce à un plan de stockage de blé et sa production locale, dont la récolte est attendue au printemps, l’Egypte peut tenir neuf mois. Plusieurs autres pays du pourtour méditerranéen et du Moyen-Orient connaissent une situation similaire. C’est le cas de l’Algérie, la Tunisie ou encore du Yémen. Au Liban, le porte-parole des importateurs de blé, Ahmad Hoteit, a indiqué à l’AFP que le pays avait encore des réserves pour seulement un mois et demi.