L’officialisation de la levée des subventions sur les carburants continue de nourrir la colère. Des manifestants bloquent des routes par intervalles. La crise a un impact de plus en plus important sur les populations.
L’annonce de la levée des subventions sur les carburants va s’accompagner d’une flambée des prix au Liban, où hyperinflation et pénuries sont déjà le quotidien. L’armée a annoncé ce samedi 14 août dans la matinée le lancement de perquisitions dans les stations d’essence fermées. Les militaires disent qu’ils vont distribuer les stocks saisis à la population. Alors l’attente redouble pour se procurer des produits de base.
Depuis jeudi, rares sont les stations d’essence ouvertes, et les files y sont interminables. Dans l’une d’elles, près de Beyrouth, Ziad, un jeune chômeur, s’inquiète : « Ça fait quatre heures que j’attends. Ici, il y a de l’embouteillage. Ailleurs, les stations essence sont fermées. Mon réservoir est vide ! »
Ziad ne veut pas parler de la levée des subventions, au centre d’une polémique politique, « on n’y comprend rien, dit-il. L’essence va bientôt être acquise au prix du dollar sur le marché noir, soit à un coût bien plus élevé. »
Ibrahim, 50 ans, fait aussi la queue pour remplir sa voiture. « Jusqu’à maintenant notre tour n’est pas arrivé, se plaint-il. On attend. Et c’est ainsi qu’on perd une journée. On se demande où chercher de l’argent, comment ramener de la nourriture ? Ces jours-ci, les queues pour l’essence sont pires qu’avant. Les gens ont peur que le prix de l’essence explose, ou qu’il n’y ait plus d’essence du tout. Les distributeurs ont de l’essence, mais ils ne veulent pas la livrer. Bien sûr que j’ai peur moi aussi. On vit tous dans la peur. » Ibrahim n’a qu’une certitude : les semaines à venir vont être encore plus difficiles.
Une société « en ébullition »
Et il n’est pas le seul. À la suite de cette décision de la Banque du Liban, des pénuries de mazout sont visibles dans tout le pays, ce qui a un impact sur plusieurs secteurs de l’économie. Nombre de restaurants, boulangeries et centres commerciaux ont mis la clé sous la porte.
Une situation que la population ne supportera pas longtemps, d’après Nadim Houry, directeur exécutif du centre de recherche Arab Reform Initiative.