Suite à l’analyse de viabilité de la dette du Sénégal par les services du fonds monétaire internationales (Fmi), notre pays vient de passer de pays a risque de surendettement « faible » a risque de surendettement « modéré ».
Un changement qui s’expliquerait, selon la direction de la comptabilité publique et du trésor (Dgcpt), par l’extension du périmètre du champ de la dette du secteur public aux organismes publics (agences établissements publics, société nationales). Le Sénégal rejoint ainsi les autres pays de l’uemoa qui étaient dans ce lot, excepté du Togo qui avait ravi la vedette en se situant à un niveau « élevé » ; Voici une déclaration qui, sans nul doute, va raviver les débats interminables sur l’endettement au sein des économistes et acteurs politiques.
Cette sortie est d’autant plus polémique qu’elle semble réconforter ceux- la qui s’inquiètent déjà du niveau et du rythme d’endettement du Sénégal. Elle vient également brouiller les nombreux messages d’assurance que les autorités, notamment le chef de l’état, donnaient ces derniers jours pour tranquilliser l’opinion publique. « Les fondamentaux de notre économies restent solides avec une inflation maitrisée, un endettement prudent et productif (…) », soutenait Macky Sall, le 31 décembre 2019, dans son message d’adresse à la nation. Auparavant, son ministre des finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, lors de la clôture de la session budgétaire 2020 à l’assemblée nationale, le 12 décembre 2019, déclarait que « l’endettement n’est pas mauvais en soi, il peut même être une excellente chose pour qui sait s’en servir.
Certes il est dans leur stratégie de tempérer et de rassurer les partenaires bilatéraux et multilatéraux, mais l’on ne doit pas perdre de vue que le Sénégal, conformément à ses engagements vis –à – vis du Fmi, notamment à travers l’instrument de soutien aux politiques économiques ( lcpe) puis au nouvel instrument de coordination des politiques économiques (lcpe) approuvé le 10 janvier, n’est pas à l’abri du contrôle et de la surveillance de la viabilité de sa dette. C’est pour dire que nos états sont sous surveillance accrue des institutions qui veillent comme du lait sur le feu sur la mise en œuvre de leurs politiques d’endettement. Leurs appréciations combinées à celles des agences de notations financières régionales et internationales sont d’autant plus capitales qu’elles peuvent même influer sur la qualité de la signature des états sur le marché financier international.
Mais de la direction de la comptabilité publique et du trésor (Dgcpt), l’on tente de rassurer en parlant d’un passage « temporaire ». Autrement –dit, ce caractère temporaire de la dégradation a un impact « très limité » sur les conditions de financements sur les marchés de capitaux. La Dgcpt insiste en précisant que cette mesure n’entraine pas de limitation d’endettement, autre que le respect du plafond de financement défini dans la loi de finances. Pour inverser la tendance et permettre au Sénégal de retrouver sa place d’antan de pays a risque de surendettement faible , serait nécessaire d’opérer des choix plus judicieux et optimaux dans la sollitation des capitaux externes en privilégiant davantage la mobilisation des ressources domestiques sur le marché des titres publics (Mtp) régional de luemoa.
Ce marché mis en service depuis 2014 peut constituer une alternative pour les Etats enclins à solliciter le marché le marché financier international avec ses lots de risques liés notamment aux fluctuations du taux de change (si la dette est libellée en devises étrangères), aux taux d’intérêts et autres chocs exogènes. L’avantage du Mtp est qu’il donne également la possibilité aux états comme celui du Sénégal démettre des titres tels que les bons assimilables du trésor (Bat) et les obligations assimilables du trésor (Bat), des instruments permettant de mobiliser des ressources sur de longues maturités de plus en plus disponibles. En 2019, c’est plus de 3420 milliards de FCFA qui ont été levés par voie d’adjudication par les états de la zone Uemoa soit une hausse de 41% par rapport à 2018. Et le Sénégal avait bouclé l’année 2019 par la mobilisation de 200 milliards de FCFA sur le marché » des titres publics. C’est pourquoi, il est heureux d’entendre la Dgcpt dire que pour l’année à venir, la stratégie d’endettement du Sénégal mettra l’accent sur le financement par le marché local et le choix de devises stable.
L’application de la stratégie de la dette a moyen terme- 2022 qui consiste à recourir à un endettement à moindre cout et risque devra en outre, mettre l’accent sur la réduction des risques liés à la gestion de la notamment les risques de change, de refinancement et de taux, la baisse des couts d’emprunt et l’allégement de la pression du service de la dette sur la trésorerie de l’Etat.