Les ministres des finances de trois géants pétroliers africains que sont l’Angola, le Nigéria et l’Algérie, ont achevé leur semaine sur des mauvaises nouvelles en provenance de la Chine et de la Norvège. L’opinion publique africaine peut s’interroger sur la relation qui existent entre ces trois pays.
La réponse toute simple est le pétrole. La Chine a posté des indicateurs qui montrent que son excédent commercial, un élément fort de la robustesse de son économie, s’est dégradé sur une période comparative de 12 mois, à la fin du mois de février 2019. La principale raison de cette situation est le repli de ses exportations.
Le marché international a interprété cela comme un signe de baisse futur sur la demande chinoise en énergie. Par conséquent, on assiste à des réductions de demande pour le pétrole brut. Pour ce qui est de la Norvège, le ministre des finances de ce pays a indiqué que son fonds souverain qui pèse 1000 milliards $ prévoyait de se désengager de ses 36 milliards $ d’investissements dans le capital de sociétés pétrolières.
La aussi, le marché anticipe qu’au delà des raisons écologiques, cette initiative cache la volonté de s’extirper d’un risque. Sur le marché, lorsqu’un produit devient risqué, il est peu demandé et ses prix vont à la baisse. Ainsi, les prix proposés sur les contrats d’achats futurs de WTI et de Brent (deux catégories de pétrole) ont baissé respectivement de 1,65% et 1,84%.
Un pétrole qui chute ne peut pas être une bonne nouvelles pour les trois leaders de l’or noir africain, surtout le Nigérian qui est désormais contraint de suivre la stratégie de l’Organisation des Pays Producteur de Pétrole. Cette dernière espère qu’une réduction de la production devrait faire monter les prix.
Si les volumes baissent et les prix suivent aussi la même tendance, des analystes craignent que les trois pays et d’autres petits producteurs pétro-dépendants, soient en difficultés dans la gestion de leurs équilibres extérieurs.
Aujourd’hui, le Nigéria s’en sort bien et s’est constitué de bonnes réserves. Pour l’Angola, Citigroup rappelait dans une récente note d’analyse qu’il a juste retrouvé les équilibres et qu’un nouveau choc serait dur à absorber. Malgré sa stratégie de diversification, l’Algérie peine à sortir de la dépendance vis-à-vis du pétrole. Les actuels soulèvement politiques, avec en toile centrale l’exigence d’un départ du président, sont aussi la conséquence d’un malaise économique que subit une majorité de la population.
Parmi les autres économies africaines qui pourraient souffrir d’une baisse prolongée des prix du pétrole, on retrouve l’Egypte, la Libye et le Soudan. Même si, pour l’Egypte, on retrouve quand même une plus grande diversification de l’économie. L’évolution sera aussi suivie dans les pays de la CEMAC, ou 4 pays sur 6 dépendent de l’or noir pour leurs revenus en devises.
Idriss Linge/Eco fin