Pour le secteur bancaire kényan, la covid-19 a rimé avec une croissance plus faible des revenus d’intérêts, et une augmentation des coûts du risque. Pour plusieurs banques, cela signifie qu’il n’y aura pas de récompenses pour leurs investisseurs.
Depuis le début de l’année 2021, 6 des 11 banques cotées sur le Nairobi Securities Exchange ont émis des alertes prévenant leurs actionnaires que les bénéfices nets de 2020 seront bien plus faibles que ceux de l’année 2019, et que par conséquent, il y a un risque que les dividendes ne soient pas distribués. Stanbic Holdings, la filiale au Kenya du groupe sud-africain Standard Bank a confirmé cette tendance, avec la publication d’un bénéfice net en baisse.
Cette situation est globalement attribuée à la covid-19 qui au Kenya a eu deux impacts. Elle a réduit l’activité économique et donc les demandes de crédits, ralentissant la hausse des revenus d’intérêts. Or, la principale source de revenus des banques est constituée de ces revenus. L’autre impact identifié est la hausse des coûts du risque. Les difficultés économiques ont conduit à une augmentation des créances en souffrance.
Au final, la Banque centrale du pays (CBK) estime que le bénéfice net global des 39 banques qui y sont actives, a été de 112,8 milliards de shillings (1,02 milliard $). C’est le niveau de marges nettes le plus bas depuis les 8 dernières années.
« Cela s’explique par une augmentation des dépenses plus importante (+10,42%) que celle des revenus (+4,44%). Le rendement des actifs est tombé à 1,64% en décembre 2020 contre 1,76% en septembre 2020 », a déclaré la CBK dans son rapport d’enquête de crédit pour le dernier trimestre de l’année 2020.
La plus grande préoccupation cependant, demeure les risques de crédit élevés. La valeur absolue des prêts non remboursés à échéance a atteint 423 milliards de shillings, soit 14,1% du total d’un portefeuille de prêts de 3000 milliards de shillings en décembre dernier. En décembre 2019, on en était à 333,24 milliards de shillings.
Par ailleurs, le stock des créances douteuses a augmenté parce que les banques ont dû permettre aux clients de prolonger les périodes de remboursement de prêts d’une valeur de 1620 milliards de shillings sur l’année 2020, soit l’équivalent de 54,2 % du portefeuille total de prêts.